Approfondir

Il y a quelques semaines, nous entendions dans la liturgie le récit dans la Genèse de la création de l’homme et de la femme ; Je vous rappelais à cette occasion que la plus belle image de Dieu ici bas c’est la famille. Pour ceux qui n’étaient pas là, voici un petit rappel : dans ce texte, le Seigneur parle au pluriel au moment où il crée l’homme et la femme. Dieu dit : « faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance ». Il parle au pluriel alors qu’il n’y a pas de pluriel de majesté en Hébreux. Pour dire la majesté, on utilise le passif divin. Donc Dieu se présente au pluriel au moment où il crée l’homme et la femme pour nous rappeler que l’image de Dieu en nous, ce n’est pas nous tous seuls. On croit trop souvent que la ressemblance de Dieu en nous s’est seulement notre âme, indépendamment de notre corps et de notre esprit. C’est tout notre être qui doit être à l’image de Dieu et nous sommes à l’image de Dieu dans la mesure où nous aimons, dans la mesure où nous nous donnons, où nous sommes en relation, où nous sommes en communion, dans une communion qui est celle de l’amour. Toute personne est appelée à vivre de la communion trinitaire. Cette ressemblance s’exprime de façon admirable et sans doute de la façon la plus parfaite dans la famille. Dieu le Père aime le Fils d’un amour infini et parfait ; le Fils aime le Père d’un amour identique et leur amour est si fort et si parfait qu’il fait jaillir l’Esprit Saint, égal en dignité au Père et au Fils donc Dieu lui-même. De même, le mari aime sa femme d’un amour le plus parfait possible ; la femme aime son mari du mieux qu’elle peut et leur amour est fécond ; il fait naître un troisième, l’enfant, égal en dignité aux deux premiers. L’icône de la Trinité ici bas, c’est la famille et parmi toutes les familles de la terre l’icône par excellence, c’est la sainte famille. Les images de l’Ancien Testament sont dépassées par l’image vivante qu’est la sainte famille. L’icône de Roublev, qui reprenait la visite des trois personnages à Abraham et Sarah au chêne de Mambré, aussi belle soit elle est complètement dépassée par l’image vivante de Dieu qu’est la sainte famille et par les images vivantes que vous devez tous être à l’exemple de cette famille.
 

Alors nous allons apprendre à mieux connaître cette belle famille, loin de l’imaginaire pieux mais avec l’aide de l’Evangile. Cette famille se caractérise tout d’abord par sa simplicité, son humilité, sa douceur et sa patience. 30 années avant que le Christ ne se manifeste et commence sa mission. Ne croyez pas que pendant ces années, pour Jésus, tout était facile. Il a vécu une croissance, une éducation. Il a dû apprendre son métier. Il s’est même trompé. Jésus nous ressemble en tout, sauf le péché, et se tromper, ce n’est pas un péché, c’est le signe qu’il nous faut apprendre, progresser, être éduqué. Jésus adolescent était moins bon charpentier que Joseph, c’est évident puisqu’il a appris son métier de Joseph, patiemment.
 

Joseph est l’un des plus grands saints de l’Eglise, en tout cas le plus grand saint père de famille. L’humilité et la douceur de Joseph, en même temps que son sérieux dans le travail, l’amour profond qu’il portait à Marie et à Jésus doivent être pour nous un merveilleux exemple. Il n’y a pas eu d’amour conjugal plus fort et plus profond que l’amour mutuel de Joseph et de Marie. Un amour conjugal réel, un amour conjugal profond, qui se réjouit, qui prie, qui accueille. Un amour conjugal qui n’est jamais imposant. Donc l’image que donnait la sainte famille en premier lieu, ce n’était pas d’abord l’image de la perfection. Même s’ils vivaient une certaine perfection, ils ne donnaient pas l’image de cette perfection un peu écrasante et repoussante tellement elle impressionne, mais l’image d’un amour qui accueille et qui pardonne, qui ne juge pas. Douceur, humilité, patience. L’amour de Joseph et de Marie était un amour attirant, accueillant. Je pense qu’ils savaient mettre un équilibre parfait dans le rapport entre intimité familiale, à trois, et accueil bienveillant de ceux qui les entouraient.
 

Marie ne faisait jamais peur. C’est la première chose que j’ai envie de dire pour la décrire. D’ailleurs les apôtres l’ont choisie pour qu’elle les rassure avant la pentecôte, pour qu’elle les prépare à accueillir Jésus, dans cette chambre haute du Cénacle, quand ils avaient peur. Elle savait aussi se réjouir, voire s’amuser, nous le voyons aux noces de Cana, tout en restant à l’écoute des désirs, même les plus simples, de ceux qui l’entouraient. Elle savait participer à la vie de ses contemporains, elle discutait avec les femmes de Nazareth, elle éduquait Jésus, avec patience, douceur et humilité.
 

Il est important d’inviter dans nos familles la famille de Nazareth, pour qu’ils nous apprennent comment leur ressembler, comment vivre les difficultés. Nous voyons dans l’Evangile d’aujourd’hui que la sainte famille a connu des difficultés. Joseph et Marie se sont inquiétés, ils ont cherché Jésus puis ils lui ont parlé, ils ont accepté. Tout a été vécu sans violence mais avec douceur, et humilité.
 

Il y a un autre aspect de cet Evangile qui est très intéressant. Jésus dit cette parole difficile : « Ne le saviez vous pas, c’est chez mon Père que je dois être ». Il s’agit bien sûr de Dieu le Père. Pourtant juste après le texte nous dit : « Il descendit avec eux pour rentrer à Nazareth ». Il ne reste pas au Temple. Le Temple c’est le lieu où symboliquement Dieu est présent. Mais le lieu où il est réellement présent, Père Fils et Saint Esprit, c’est la sainte Famille. Vous êtes des temples spirituels nous dit l’écriture. Puissions-nous être dans nos familles, dans notre vie quotidienne, dans nos relations, le lieu de la présence de Dieu. Jésus nous invite à reconnaître la présence du Père en nous et dans toutes nos activités. Dieu s’invite chez nous. Accueillons-le ! Dans cette sainte famille de Nazareth, Joseph, le père adoptif, reçoit sa paternité de Dieu le Père, pour aimer et faire grandir son Fils bien aimé et Marie, pleine de grâce, est le temple de l’Esprit Saint. Dans cette famille tout est vécu de façon admirable : vie liturgique, vie de prière, vie de travail, vie de charité et de présence aux autres, vie de détente et de joie. La sainte famille n’est pas séparée de Nazareth et de ce qui s’y vit mais elle vit tout avec simplicité, douceur et humilité. Apprenons à aimer cette sainte famille. Aimons Joseph qui doit être pour nous un exemple de père, d’éducateur et de travailleur. Aimons Marie. Parfois certaines personnes me disent : « je n’ai pas une grande dévotion mariale ». L’amour de Marie n’est pas une dévotion, c’est une obligation. Plus vous priez Marie, plus vous aimez Jésus ; plus vous priez Jésus, plus vous aimez Marie. Si vous n’aimez pas assez Marie, c’est que vous n’aimez pas assez Jésus.
 

En les aimant tous les trois, nous leur ressemblerons et nous serons ainsi des icones de la sainte Trinité. Amen.
 

Père Emmanuel Gobilliard

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